Jo Thompson : le talent, la classe, le sourire!

Si vous êtes arrivé dans la Line Dance après 2005, vous n’avez peut être pas eu l’occasion d’entendre parler de Jo Thompson, qui s’appelle désormais Jo Thompson-Szymanski. Car cette « grande dame » a été victime d’une grave maladie qui l’a tenue éloignée de la piste de danse pendant neuf longues années, durant lesquelles elle a courageusement lutté. Elle nous revient maintenant, avec tout son talent de danseuse et de chorégraphe, son sourire lumineux et sa gentillesse.
Nous avons eu la chance de la retrouver aux derniers Crystal Boot Awards du magazine Linedancer, à Blackpool fin Janvier et elle nous a accordé une interview que nous retranscrivons ici. Faites connaissance…

Sa première venue en France

CF : Bonjour Jo, nous sommes très heureux de vous revoir aujourd’hui et d’avoir un petit moment pour parler avec vous. Je me souviens de vous avoir vue à Paris en 2002, lorsque vous étiez venue pour un week-end de workshops organisé par Brigitte Zerah. Vous aviez enseigné « Jukebox »… 

Jo : Oh, je me souviens, et je vais enseigner « Jukebox » aussi ce week-end ! J’ai rencontré récemment Brigitte in Nashville, aux championnats du monde de UCWDC. J’ai aussi rencontré Hervé et Martine Canonne à Denver en décembre dernier.

 

Jo Thompson Szymanski aux CBA 2016

CF : Vous rappelez-vous quand vous êtes venue en France pour la première fois ?

Jo : Cela doit faire au moins 20 ans et à l’époque la Line Dance c’était tout nouveau en France et très excitant. Tout le monde était très enthousiaste d’apprendre cette nouvelle chose qu’était la Line Dance et j’était très heureuse d’assister à tout cela.

Jo Thompson (en bleu à d.) avec toutes les personnalités du "Hall of Fame"

Ses débuts de chorégraphe

CF : Vous avez créé des chorégraphies qui sont toujours dansées actuellement et qui ont une belle longévité sur la piste. Nous dansons encore « Comme Dance with Me », « Rita’s Waltz », « Jukebox »…

Jo : Merci de dire cela. Pour moi la chorégraphie est quelque chose qui a commencé bien avant la Line Dance. J’ai commencé quand j’avais 7 ans, en chorégraphiant des danses pour les enfants. Je me souviens que je faisais des routines et des shows pour les membres de ma famille, pas seulement en dansant à travers la maison, ils devaient s’asseoir et regarder le spectacle que j’avais créé…

Puis en grandissant j’ai enseigné dans le studio familial ! Mon père et mon beau-frère enseignent la danse également, toute ma famille danse. Nous avions environ 300 élèves qui faisaient de la danse de salon, de la danse en couple, de la Country Line Dance, du clogging… Pour moi la chorégraphie fait partie de ma vie et je suis très heureuse de pouvoir faire des chorégraphies de Line Dance et de les partager avec des danseurs du monde entier.

Jo Thompson en compagnie de Julia Grimault, qui nous a aidé à réaliser l'interview.
Jo Thompson en compagnie des chorégraphes Alan Birchall (Human-Dancer) et Jacki Jaz
Jo Thompson a toujours le sourire pour se faire photographier avec les Line Dancers !

Ses projets

CF : Prévoyez-vous de revenir en France ?

Jo : J’espère, j’ai plusieurs invitations pour venir en France. C’est un peu compliqué pour moi de voyager, car j’ai des obligations familiales (Anna sa fille, à 11 ans) et je ne veux pas rester éloignée trop souvent de ma famille. Alors je fais attention de garder un équilibre entre ma famille et la danse. Donc… un jour… j’aimerais revenir en France, mais pas de date précise pour le moment.

CF : Donnez-vous des cours de danse réguliers aux USA ?

Jo : Non, plus maintenant, j’ai donné des cours dans l’école de danse de mes parents quand j’avais 15 ans, mes parents ont pris leur retraite et ont fermé leur école. Je donne des cours dans différents événements, mais pas dans des cours réguliers. Je suis une maman et une femme… je prépare mon prochain voyage en préparant des fiches de danse… donc plus de cours réguliers. Par contre, je prends des cours de fitness régulièrement et ça me plaît beaucoup de prendre des cours !

Jo Thompson, en compagnie de Rob Fowler
Présentation des Crystal Boot Awards avec Steve Healy
Jo Thompson nous enseigne "Jukebox"

Ses dernières chorégraphies

CF : Vous avez récemment écrit des chorégraphies avec Guyton Mundy, John Robinson, Amy Glass, comment avez-vous rencontré ces chorégraphes ?

Jo : J’ai vraiment aimé créer ces chorégraphies avec eux, avec Guyton Mundy et John Robinson pour Cliché Love Song, et avec Guyton Mundy et Amy Glass  pour Ain’t Misbehavin’. J’ai aussi travaillé avec Scott Blevins. J’aime bien travailler avec d’autres chorégraphes on peut échanger nos inspirations et combiner nos différents styles. Guyton a un style très particulier et John voulait faire quelque chose de fun et moi j’apportai le côté féminin, c’était très amusant et très enrichissant de travailler ensemble.

CF : Nous aimons aussi danser sur « Never been to Spain »…

Jo : Oh, merci ! Je fais de la danse en couple avec mon mari, de la Salsa, du West Coast Swing, du Two Step… J’ai grandi dans la danse en couple… Alors dans Never been to Spain j’ai mis mon expérience du West Coast Swing. Comme j’ai beaucoup pratiqué la danse en couple, j’applique mes connaissances à la danse en ligne.

Pour revenir à la façon dont je créée mes chorégraphies : Votre corps doit avoir envie de danser la chorégraphie, si votre corps fait autre chose… c’est probablement que la choré doit être modifiée. Ce doit être confortable, ça doit couler de façon logique.

Les musiques

CF : Comment trouvez-vous les musiques pour faire vos chorégraphies, vous cherchez des musiques ou c’est un peu le hasard ?

Jo : Ça dépend, parfois j’entends une musique en faisant du shopping ou à la radio et je me dis tiens cette chanson…  (oh voilà Scott Blevins…, hello !). Mais je travaille aussi avec des artistes, comme Scooter Lee et j’ai écris des chorégraphies sur ses chansons : Come Dance with Me, Dizzy… Mais habituellement, la musique m’interpelle, comme par exemple Never Been to Spain, je vais voir le DJ et je lui demande « quelle est cette chanson ? », elle m’a tout de suite inspirée ! La musique doit avant tout donner envie de bouger et de danser.

Une dédicace sur la fiche de "Jukebox" !

Sa chorégraphie préférée

CF : Quelle est votre collaboration préférée avec un autre chorégraphe ou votre chorégraphie préférée ?

Jo : C’est difficile à dire… La danse avec laquelle je me sens le plus en connexion c’est Rita’s Waltz. C’est une chorégraphie que j’ai écrite avec ma maman (Rita), elle est décédée malheureusement, mais elle a été mon mentor. Et nous avions créé cette chorégraphie ensemble. Chaque fois que je la danse, je la sens près de moi et je suis très émue. C’est une danse agréable à danser, il y a juste un tour à la fin !

CF :  Julia et moi, nous avons enseigné Rita’s Waltz cette année et les débutants l’aiment beaucoup. D’autres valses qui ont été créées pour les débutants, mais celle-ci reste la plus intéressante. Merci Jo de nous avoir accordé ce moment.

Jo : Merci à vous et merci aux line dancers et aux professeurs de France d’enseigner mes chorégraphies. Je souhaite que la danse en ligne continue de grandir en France et j’espère avoir l’occasion de vous rendre visite.

Interview : Julia Grimault & Annie Briand

Photos : Alain Mangenot

Jo Thompson pendant le concert de Scooter Lee

L’évolution de la Line Dance

CF : Vous allez enseigner « Jukebox », qui est une ancienne chorégraphie, mais les danseurs veulent toujours des nouvelles chorés. Est-ce que vous pensez qu’il y a trop de chorégraphies maintenant ?

Jo : Comment dire, au début de la Line Dance, il y avait peu de personnes qui créaient des chorégraphies, et nous n’avions pas internet, nous n’avions pas Youtube, nous n’avions pas tout ce qui fait que maintenant c’est très facile de trouver des chorégraphies. Vous deviez les écrire sur un bout de papier. La technologie a changé le visage de la Line Dance.

C’est bien qu’il y ait toute cette création, mais dans toute cette abondance, il arrive que de bonnes danses passent inaperçues et il faut regarder ce qui c’est déjà fait il y a dix ans. Il est important de garder les anciennes chorégraphies, il faut les mélanger aux nouvelles : Waltz Across Texas, Wave on Wave, peut-être Mamma Maria, il faut garder ces standards. Il faut que les professeurs les enseignent à leur s élèves, parce que comme ça elles resteront et seront dansées partout,  elles deviendront des « classiques ». Il faut faire un mélange des anciennes danses et des nouvelles.

Jo Thompson nous fait "réviser" ses chorés écrites sur des musiques de Scooter Lee.