Guyton Mundy : entre hip-hop et line dance, la classe à l’américaine !

Guyton Mundy était présent à Blackpool pour la 20ème édition des Crystal Boot Awards 2016, organisés par Linedancer Magazine. C’était l’une des rares et dernières occasions de rencontrer en Europe un des meilleurs danseurs et chorégraphes américain, qui s’apprête à tirer prochainement sa révérence au monde de la danse …

Interview réalisée par Julia Grimault – Photos Alain Mangenot – Mise en page Annie Briand

CF : Bonjour Guyton. Et si nous commencions par vous présenter personnellement ? Vous vivez donc aux Etats-Unis ?

Oui, j’habite en Floride, sur la côte ouest, à environ 1h30 d’Orlando.

CF : Pouvez-vous nous parler de votre famille ?

Je suis marié, cela fera 14 ans cette année. J’ai également des enfants, mais ils sont grands maintenant, je les ai eus avant de me marier. Le plus vieux à 26 ans, le second 19 ans et le plus jeune 17 ans. Le plus vieux et le plus jeune sont des garçons, et au milieu c’est une fille.

Guyton Mundy - aux CBA, Blackpool Février 2016

CF : Comment avez-vous commencé à danser, comment en êtes-vous venu à la Line Dance?

J’ai commencé à travailler pour Disney USA en 1988. A cette époque, je sortais souvent en boîte de nuit et là j’ai rencontré un danseur de hip-hop.  Je l’ai vu danser et je me suis dit : « voilà ce que je veux faire! » J’avais 18 ans et je n’avais jamais dansé auparavant. J’ai donc été le voir et lui ai demandé de m’apprendre à danser le hip-hop, et il a accepté. Après, l’élève a dépassé le maître et on s’est éloignés. Nous sommes redevenus amis 10 ans plus tard.

J’ai ensuite intégré un groupe de hip-hop, où j’étais le seul blanc ! L’un des autres danseurs dansait pour Disney, et il m’a encouragé à auditionner. J’ai réussi l’audition, et j’ai donc dansé pour Disney de 1988 à 2000. J’étais à la fois danseur et marionnettiste.

Concernant mon arrivée dans la Line Dance, j’étais dans un club et nous dansions « Watermelon Crawl« , une danse populaire aux Etats-Unis (ndlr) et je m’en sortais bien ! Un type appelé Pedro Machado m’a vu et ma dit  : « Viens avec moi en Angleterre pour un évènement de Line Dance » ! Ils m’ont emmené en Angleterre en 2000, et je me suis dit : « c’est pas mal, c’est très sympa »! Et c’est comme ça que j’ai commencé dans la Line Dance.

Pizza Party avec Pedro Machado, Max Perry et Darren Bailey

CF : N’était-ce pas assez étrange de passer du monde du hip-hop à celui de la Line Dance, un univers très différent?

Oui, c’était très bizarre! Ils faisaient un peu de jazz en Line dance, mais pas vraiment pas beaucoup. Je trouvais ça très sympa, mais ce n’est pas complètement mon style. Je ne veux pas faire simplement des shuffle et des rock steps etc. J’ai donc commencé à chorégraphier mes propres danses, et j’ai fait des choses comme Natural Selection.

Les gens se sont dit : « qu’est ce c’est que ça, avec tous ces mouvements de bras, ces choses étranges ? » . J’ai donc commencé à mélanger mon propre style à celui de la LineDance, pour faire quelque chose d’un peu hip-hop, lyrique… et je suis tombé dedans !

CF : Avez-vous également écrit des chorégraphies sur de la musique country ou principalement de la line dance sur de la musique non-country ?

Oui j’ai fait de la country. Pour se faire un nom, il faut faire un peu de tout. Si je ne fais que du hip-hop ou du lyrique, il n’y a qu’une petite niche pour cela. La plupart des gens aiment les danses classiques et faciles, comme « Ain’t misbehavin‘ » par exemple. Je ne veux pas dire que ça m’ennuie, mais en fait si (rires). Alors j’essaie de faire des choses un petit peu plus difficiles, j’ai besoin de revenir à mon propre style.

Cependant, j’ai chorégraphié pas mal de danses country, ce sont surtout des chorégraphies de bar, que j’apprends dans mes cours. Mais elles sont également enseignées ailleurs. Dans certains pays, comme en France, en Norvège ou en Finlande par exemple, il y a toujours beaucoup de country, donc j’y enseigne mes chorégraphies country. Mais mon truc à moi ce sont les « crazy stuff » (trucs dingues).

Guyton Mundy - Chorégraphe inspiré

CF : Venez-vous souvent en Europe pour faire des stages, des workshops ?

Cette année, je suis venu cinq fois en Angleterre, mais également au Danemark, en Suède, en Allemagne, en France. Je viens au moins quinze fois par an en Europe. Je vais aussi régulièrement en Asie. Mais j’aime beaucoup l’Europe, c’est très beau ! Mais là, il fait un peu froid ici à Blackpool. Chez moi aux USA il fait au moins 25°C !

CF : Est-ce que vous venez souvent en France?  

Je ne suis pas venu souvent en France, mais ces dernières années j’ai commencé à venir plus régulièrement. J’ai encore un évènement prévu en France en Octobre 2016, à Laventie.

CF : Voyez-vous une différence entre les danseurs européens et les danseurs américains par exemple ?

Oui, il y a une grosse différence entre les différents événements et les différents pays, en Europe comme aux USA. Aux USA, il y a une foule de danseurs « hardcore », des danseurs très avancés, mais pas autant qu’à certains endroits d’Angleterre, ou du Danemark, de Suède, ou encore de Norvège. Dans ces pays ils adorent les chorégraphies difficiles ! Certains événements ont ainsi un très haut niveau, avec des groupes de danseurs très confirmés. Il y a vraiment une grande différence entre les événements.

Mais dans la plupart des endroits où on va, il y a des danseurs débutants, intermédiaires, et aussi avancés. Je participe à toutes sortes d’événements et de tous niveaux, de débutant à avancé. Mais où qu’on aille en Europe ou aux USA, on trouve des éléments similaires, ce n’est pas complètement différent. C’est surtout l’événement où vous allez qui détermine le niveau des danseurs.

CF : Vous avez écrit de nombreuses chorégraphies avec d’autres chorégraphes. Dans quelles circonstances travaillez-vous avec d’autres?   

Pour Cliché Love Song, Jo (Thompson), John (Robinson) et moi-même avons été mis ensemble pour monter une équipe pour un événement : nous étions l’équipe USA contre l’équipe internationale. Le principe est qu’on ne connaît pas la musique que l’on va nous proposer, le DJ met simplement des chansons et on doit écrire une chorégraphie. J’avais déjà entendu la chanson, il y avait déjà une chorégraphie débutante dessus. Nous devons choisir une chanson parmi trois, j’ai dit « il faut que l’on choisisse celle ci!  »

Pour Ain’t Misbehavin’, j’avais repéré la chanson depuis quelques mois. Jo et moi étions à Las Vegas ensemble. Je lui ai fait écouter la musique, elle l’a aimée, et nous avons commencé à écrire la chorégraphie. A ce moment Amy Glass est entrée dans la pièce, et elle nous a rejoint. Et ça a bien marché !

Si je sais que je veux faire quelque chose de plus classique  je cherche à travailler avec quelqu’un qui chorégraphie sur tous les styles et pour tous les niveaux. Jo Thompson écrit des chorégraphies de débutant à avancé, donc je lui demande de travailler avec elle, donc le résultat final correspond davantage à son style.

CF : Comment avez-vous découvert la chanson de Take me to church, et comment en êtes-vous arrivés à écrire cette chorégraphie ?

En fait, ma femme a entendu la chanson avant moi, elle m’a dit qu’il fallait que je l’écoute. Au début cela ne m’a pas trop parlé. En tant que chorégraphe vous devez parfois réécouter encore et encore. Donc je l’ai écouté plus d’une dizaine de fois en boucle, et l’inspiration a commencé à venir. Fred et moi l’avons ensuite chorégraphiée en quelques heures.

CF : On ne devrait pas dire cela à nous autres danseurs qui mettons des jours à l’apprendre ! 🙂

Si je chorégraphie une danse et que ça ne coule pas tout seul, que je ne le sens pas, je laisse tomber. Si je ne peux pas finir une chorégraphie en quelques heures, alors j’arrête et éventuellement j’y reviens plus tard. Mais pour Take me to church, cela s’est fait tout seul. Fred et moi n’avions de toute façon pas beaucoup de temps devant nous car nous avions tous les deux des cours à donner ce week-end là !

CF : Savez-vous combien de chorégraphies vous avez déjà écrites?

Oh, bien plus de 100 !

CF : Aux États-Unis, avez-vous une école de danse, des cours réguliers, ou faites vous plutôt des workshops ponctuels?

Je fais un peu de tout. J’ai un cours régulier le mercredi, puis après je fais des stages un peu partout dans le monde.

 

CF : Avez-vous tous les niveaux dans vos cours ?

Oui, j’ai tous les niveaux, de débutant à avancé.

CF : Est-ce que ce sont des cours de hip-hop ou de line dance?

De line dance. J’ai tenu pendant 6 ans une école de chant, théâtre et danse, avec un autre gars. Nous avions des enfants de 8 à 18 ans, et ne faisions que du hip-hop.

La vidéo ci-dessus est tournée dans son atelier de charpentier. Il danse « Waiting » une valse magnifique sur la musique Find you Waiting. Une chorégraphie qui vaut la peine d’être apprise sur une musique très prenante. Merci Guyton !

CF : Quels sont vos projets maintenant ?

Je termine cette année, puis je prends ma retraite! Il me reste 32 événements à faire : la plupart en 2016, et 6 en 2017. J’ai déjà signé les contrats, donc je vais finir tous ces événements. Puis j’arrête !

Les gens me demandent souvent : « mais tu ne vas pas revenir de temps en temps, participer à quelques événements? » Je réponds non, j’arrête complément pour l’instant. La danse fera toujours partie de ma vie, donc si j’entends une chanson qui me plaît, j’écrirais sûrement une chorégraphie dessus, mais je n’irai pas l’enseigner dans des événements. Je mettrai la vidéo sur Youtube avec des explications, mais je n’écrirai pas de fiche de pas.

 

CF : Est-ce seulement un arrêt temporaire, pensez-vous revenir dans quelques années?

Je ne prévois pas de revenir pour l’instant. Tout le monde me dit de « ne jamais dire jamais », donc je ne peux pas dire « jamais« , mais je ne prévois plus rien à ce sujet.

J’ai besoin de faire autre chose. Je dirige deux entreprises, et j’ai besoin de prendre du temps pour travailler là-dessus. Dans l’une des entreprises, on fait des animatroniques (ndlr : personnages animés électroniquement), des accessoires et des décors pour Disney, Universal, des plateaux de télévisions… Et pour la seconde, je suis la septième génération d’une famille de charpentiers. Nous faisons des aménagements d’intérieur personnalisés pour les bateaux.

En résumé je travaille sur des bateaux, je joue avec des marionnettes et je danse ! J’ai de la chance !

Un petit bonus Country-France : une vidéo tournée en 2009 au Chicago Windy City, un match chorégraphique entre Jo Thompson et Guyton Mundy, Old School contre New School… rassurez-vous tout fini bien !